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VIH-SIDA: Lutte contre la transmission de mère à enfant
Prise en charge communautaire de la femme enceinte séropositive
L’OEIL D’AFRIQUE, le 27 Octobre 2024
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La problématique du suivi des PV VIH, parlant de la prise en charge de la femme enceinte, depuis le début de la grossesse jusqu’à l’accouchement, le suivi du nourrisson et le respect des mesures… telles que prévues par l’ONUSIDA et l’OMS… se pose avec acuité. Si dans les milieux urbains, les efforts du personnel médical, et autres partenaires et prestataires sanitaires, commencent à porter ses fruits, quant à l’amélioration des chiffres relatifs au nombre d’enfants nés d’une mère seropositive mais qui ne développent pas la maladie… en ce qui concerne les prises en charge de la mère et du nouveau né, dans les milieux ruraux, on ne peut en dire autant sur la lutte contre la transmission de la mère à l’enfant.
En effet, si l’on se réfère à la plupart des études, les risques de contamination d’un bébé par sa mère séropositive par le virus, seraient de l’ordre de 15 à 25% dans un pays industrialisé et de 25 à 45% dans un pays en développement. Toutefois, dans la plupart des cas de contamination d’un adolescent de moins de 15ans d’âge, l’infection au VIH est imputable à la transmission de mère à enfant. D’où, près de 90% des 3 millions de nourrissons infectés par le VIH depuis le début de la maladie sont nés en Afrique. Et pourquoi principalement en Afrique, ce chiffre est alarmant ?
Les difficultés de suivi du nouveau né, dès l’accouchement
Des difficultés font le quotidien des agents de santé communautaires, difficultés dont souvent la cause relève des habitudes, des pesanteurs traditionnelles, la culture et l’attachement au secret médical. Lors de la récente revue annuelle de l’Union des Organisations Non Gouvernementales du Togo #uongto, tenue du 16 au 18 Septembre à 2024 Kara, relative à la gestion faite des financements du fonds mondial pour la lutte contre le #VIH et la Tuberculose, notamment par ses sous-bénéficiaires et ses acteurs de terrain, des difficultés ont été mises en exergue afin que des solutions ou approches de solution puissent être trouvées.
Dame Paharo Essohanam, Assistante suivi évaluation, volet communautaire région Kara, explique :
“Notre région est un peu vaste, et nos coutumes complexes. Une femme enceinte séropositive qui est suivie dans un centre, mais qui se décide d’aller voir sa belle famille au moment de l’accouchement. Lorsqu’elle se déplace et accouche chez ses beaux parents, elle y séjournera au moins 2 ou 3 mois avant de revenir. Mais pour son bébé, nouveau-né, ce temps est largement suffisant pour être infecté, lorsque nous savons que d’habitude, la femme enceinte séropositive ne se confie pas aux agents communautaires de la localité. Ce qui met à l’eau, tout le processus de prise en charge établi. Et le plus souvent, lorsque le nourrisson nous est ramené, il est déja infecté faute de suivi régulier”
Bien vrai, la transmission de la mère à l’enfant, s’opère durant la grossesse, le travail, l’accouchement, ou après la naissance du nouveau né par le biais du lait maternel, mais des mesures ont été établies pour amoindrir les chances de cette transmission, tout un processus à respecter pour y parvenir. Mais surtout, l’allaitement maternel représentant jusqu’à un tiers de tous les cas de transmission, il est conseillé, au-delà du traitement anti-retroviral, l’allaitement artificiel pour la santé et le suivi des nourrissons. En cela, le séjour dans sa belle famille, de la femme enceinte séropositive jusqu’à l’accouchement peut présenter des menaces pour la santé du nourrisson lorsqu’on sait que la famille recommande l’allaitement au sein maternel et y veille, tout le contraire des dispositions à prendre dans ce cas précis. Des conséquences immédiates de la non divulgation de son statut sérologique, par crainte de la discrimination.

La discrimination et la stigmatisation du PV VIH, un facteur qui facilite la propagation du VIH
La discrimination constitue une autre paire de manche, en ce qui concerne la lutte contre la transmission de la mère à l’enfant, lorsqu’on sait que les femmes enceintes séropositives, le plus souvent, ne partagent pas leur statut, par crainte de représailles, de stigmatisation, alors que la connaissance du statut d’un PV VIH devrait inciter à un accompagnement. Ce qui les oblige à se réfugier dans le conservatisme du secret médical.
D’un autre point de vue, le fait qu’il n’existe pas de dérogation spécifique au secret médical prévue par la loi, en ce qui concerne le VIH, rend quasi-difficile le suivi, dans l’hypothèse où un patient se décide à ne pas divulguer sa seropositivité, même à son conjoint, une décision que les professionnels de santé ont l’obligation de respecter, sauf dans un cas de levée du secret médical tel que prévoit la loi notamment dans les cas de violences, de privations ou de sévices…
Un état de fait qui malheureusement complique davantage le suivi de la mère et de l’enfant nouveau né, étant attendu que le conjoint devrait constituer un soutien moral pour sa femme et son enfant, et veiller au respect scrupuleux des prescriptions et des conseils du médecin traitant.
Des sensibilisations sont donc préconisées pour un changement de perception de la population vis-à-vis de la maladie, d’une part et d’autre part, quant à la nécessité d’un accompagnement moral pour surmonter la maladie, pour favoriser l’atteinte des objectifs de l’OMS à l’horizon 2030.
YERIMA Amidatou
