L’ONG IFD outille les femmes de Matchalé à Afagnan avec le soutien de Care Benin-Togo
L’OEIL D’AFRIQUE, le 17 Mai 2024 +22890214293 /92178279
L’atteinte des objectifs fixés par les ODD ne peut se faire sans une contribution efficiente des femmes. Dans une marche pour l’affirmation de l’identité féminine, des organisations féministes se portent garantes d’un accompagnement technique, morale et psychique aux fins d’une amélioration des conditions de vie des femmes, et partant, celles des ménages. L’initiative féminine pour le développement en est une, parmi les OSC qui continuent la bataille pour l’autonomisation et l’émancipation de la femme, la scolarisation de la Jeune fille. À Matchalé dans le canton d’Afagnan, L’IFD a entamé mercredi 15 mai 2024, avec le soutien du partenaire Care Bénin-Togo, un atelier de renforcement de capacité à l’endroit des femmes productrices et agricultrices, une formation axée sur les notions de “Violences Basées sur le Genre (VBG) ; Les Droits Fonciers et Économiques, et le Leadership Féminin.
“Nous organisons ce matin un atelier de renforcement de capacité de deux jours à l’endroit des femmes et jeunes filles de Matchalé à Afagnan. L’atelier est organisé dans l’objectif de promouvoir le leadership à la base et donner des informations aux femmes en ce qui concerne leurs droits, surtout les droits fonciers et économiques” dixit Mme Kolani Totine, Directrice Exécutive de l’ONG IFD.
Mme Kolani Totine, Directrice Exécutive de l’ONG IFD.
Dans la salle, 20 femmes y participent vaillamment, se sentent fières d’être prises en compte par un tel projet qui met au centre, la femme, la vie de la femme, les forces et faiblesses de la femme, et plus encore, aborde des approches de solutions pour venir à bout des difficultés éprouvées, subies mais non exprimées parce que brimées.
En effet, les pesanteurs culturelles et traditionnelles en sont pour quelque chose dans la situation actuelle des femmes d’Afrique en général, et de Matchalé en particulier, une localité de la préfecture de Bas-Mono, où un pourcentage non négligeable de femmes n’ont pas accès à leurs droits parce que non scolarisées. “Si je n’arrive pas à prononcer le sigle “IFD” ou “Care Benin-Togo” pour les remercier de leur initiative à notre endroit, c’est en partie ce dont on a parlé aujourd’hui: “je n’ai pas été à l’école” mais grâce à cette formation, je vous assure que tous mes enfants, et mes arrières enfants seront instruits et instruites, je mets l’accent particulier sur l’éducation scolaire des filles, et je me porte garante” confie Afanvi Abla, Agricultrice à Matchale qui suit avec intérêt les enseignements. À deux rangées d’elle, Logossou Ablavi, revendeuse raconte son périple : “je suis revendeuse pour ma part. Un jour, je me suis dite qu’il fallait constituer des économies issues de mon commerce, j’ai décidé d’ouvrir un compte dans une institution de la place et j’ai sollicité mon mari pour m’accompagner, étant analphabète. C’était l’erreur commise! Mon mari a ouvert le compte en son propre nom, et s’attribuait toutes mes économies. Et comme je ne savais pas lire, je ne pouvais pas le savoir. Pire, il vidait mon compte à chaque fois que je lui remettais des économies pour aller déposer, pour fêter avec des jeunes filles de la localité. Je n’ai été éclairée que tardivement, lorsque j’ai voulu vérifier mon solde, en montrant le carnet d’épargne à un cousin… ” je suis très reconnaissante aux organisateurs de cet atelier, notamment l’ONG IFD et Care Benin Togo, qui viennent nous ouvrir les yeux. Messan Sovamede, transformatrice à Matchale avoue n’avoir jamais appris auparavant que la femme pouvait mener certaines démarches visant à une réclamation quelle qu’en soit la nature: “Certaines d’entre nous ici, sommes constamment battues par nos maris parce qu’ils refusent souvent de nous payer en retour la somme à eux prêtée. Et quand nous revendiquons, nous sommes violentées. C’est pour moi le lieu de dire merci à Care Bénin-Togo et l’ONG IFD d’ avoir pensé à nous“.
Cet atelier poursuit l’objectif de parvenir à outiller les participantes, sur la notion de Violences Basées sur le Genre (VBG) , les droits économiques et fonciers ainsi que le leadership feminin, encourager les femmes à prendre le devant des choses, participer activement à la constitution des CVD, CDQ… La formation durant ces deux jours sera assurée par Mme NABROULABA Tem qui renchérit sur l’importance de l’autonomisation de la femme, pour la société… :
“L’émancipation économique de la femme concourt à lutter contre la faim et la pauvreté, beaucoup d’études l’ont posé et démontré. Aujourd’hui, si les inégalités continuent par exister, c’est parce qu’il y a un des volets qui n’est pas vraiment pris en compte et qui englobe le droit à une identité, le droit à la santé, le droit à la vie en famille, le droit à l’éducation, le droit d’être protégé de la violence, le droit de s’exprimer… On se dit que si la femme a des moyens de subvenir aux besoins de sa famille, elle pourra soutenir sa communauté, et concourir à assurer une sécurité alimentaire pleine et pérenne.” affirme la formatrice qui n’est plus à présenter dans le milieu, ayant déjà accompli des missions dans le cadre de la sensibilisation des femmes sur leurs droits.
Mme NABROULABA Tem, Coordinatrice de l’Association Mains du Développement.
Elle ajoute : ” De plus, nous avons déjà travaillé en amont avec ces femmes et nous avons constaté qu’elles ont un problème, une violence économique dans la localité. Aussi, n’ont-elles pas accès à la terre malgré la loi et malgré aussi qu’elles soient des femmes au foyer, elles vivent aussi une violence économique de la part des hommes. Notre objectif pour cet atelier c’est de permettre à ces femmes de savoir qu’elles ont aussi leurs droits et leurs devoirs, et comment trouver des alternatives pour se défendre” Mme NABROULABA Tem, Coordinatrice de l’Association Mains du Développement.
L’atelier a connu une brève cérémonie d’ouverture assurée par Mme Sonsi Edwige, Conseillère municipale représentant le Maire de la Commune de Bas-Mono1. Cette dernière, bien connue pour son combat pour l’émancipation de la Femme et la scolarisation de la Jeune fille a tenu dans son discours d’ouverture, à encourager les femmes de sa localité à renforcer leur résilience alimentaire en s’affranchissant de la tutelle ancestrale (colée à dessein à la femme) et à voir d’un autre œil les progrès technologiques, l’instruction et l’éducation de la Jeune fille.
Mme Sonsi Edwige, Conseillère municipale
Cette activité s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de Promotion et Protection des Droits et Égalités (PPDE) des Genres au Togo, projet initié par Care International Bénin-Togo avec le soutien de l’Union Européenne, projet dont la phase pilote se déroule dans les régions maritimes et de la Kara.