Financement domestique de la santé au TOGO

 Financement domestique de la santé au TOGO


L’UONGTO en dialogue avec les parlementaires pour la réduction des dépenses directes de santé des ménages

L’OEIL D’AFRIQUE, le 16 Mai 2023
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Il est utile de rappeler, d’entrée que le droit à la santé est un droit fondamental garanti par la constitution et plusieurs textes de lois adoptés au niveau national, régional et aussi au niveau international. L’Accord d’Abuja en est un exemple.

Aujourd’hui, bien des années après la prise de ces engagements, au-delà des initiatives prises par le gouvernement togolais, initiatives tentant à améliorer le système sanitaire au Togo, le soulagement escompté peine à être ressenti dans le quotidien du citoyen lambda, une grande proportion de la dépense en matière sanitaire continue d’être prise en charge par les ménages (61% contre 30% recommandé) ce qui rend perplexe l’effectivité de la couverture sanitaire universelle, qui suppose que chaque individu puisse avoir accès à des soins de santé de qualité, à moindre coût. C’est dire qu’une grande partie de la population togolaise a toujours du mal à se soigner, ce qui n’est pas conforme aux engagements pris par le Togo en matière de la santé.

Un état de fait qui pousse les organisations de la société civile, réunies au sein de l’UONGTO à plaider afin que le gouvernement puisse augmenter l’enveloppe octroyé au financement du secteur de la santé et de parvenir véritablement à des soins de santé universels à tous. Pour la cause, l’Union des ONG du Togo a entamé une série d’actions visant à convaincre les autorités en charge de la santé, sur la nécessité d’accorder une priorité de réflexion en ce qui concerne la subvention accordée aux dépenses des ménages en matière de santé.


Le 05 Mai 2023, la faîtière des ONG du Togo (UONGTO), a organisé en partenariat avec Health Systems Strengthening Accelerator (HSSA) un dialogue parlementaire axé sur le financement domestique de la santé au Togo, à l’hôtel Onomo de Lomé, une initiative soutenue par l’USAID et la CERRHUD.

L’idée qui sous-tend cette initiative était de rappeler aux élus nationaux le contenu des textes et engagements pris par le Togo, afin que de leurs voix, ils puissent impacter la détermination du budget en faveur de l’augmentation du pourcentage alloué au financement domestique, pour le soulagement des charges sanitaires des menages, l’un des piliers de la Couverture sanitaire universelle, étant la réduction de dépenses directes de santé.

Il sied de le rappeler ici, l’évaluation du financement de la santé courant la période de 2017 à 2021 fait état d’une évolution en dents de scie du financement du secteur de la santé au Togo…de 6,36 % en 2017 à 6,95 % en 2021 avec un pic en 2020 (8,33 %) puis un rabaissement en 2022 (5,21 %), avec un financement accordé au secteur de la santé estimé en 2022 à 91,7 milliards de FCFA représentant un pourcentage de 5,21% du budget global de l’Etat (de l’ordre de 1760 milliards de FCFA).
Ce qui pousse à affirmer que le budget au cours des dernières années, conformément à la déclaration d’Abuja qui fait obligation à tous les signataires à l’Objectif 15% n’a pas été adéquat. Le Togo est loin des 15% recommandés lors de la conférence d’Abuja en 2001.

Quant aux dépenses courantes de santé en proportion avec le PIB, elles sont passées de 2,3% en 2000 à 5,96% en 2020, dépassant ainsi le seuil minimal qui est de 5%. Aussi, sur observation des mécanismes innovants pour financer la couverture
sanitaire universelle au Togo, les paiements directs des ménages (61,5% des dépenses courantes de la santé) semblent-elles constituer les principales sources de financement de la santé en 2020 au Togo. Et les coûts de la santé étant rester
principalement à la charge des
ménages, ce qui est contraire au
principe d’équité et de progressivité
qui sont les éléments fondamentaux
de la CSU.

La-dessus, l’Inspecteur Central du Trésor public togolais, Agbeko Komla, estime que le Togo étant un pays à faible revenu, les ressources disponibles affectées au secteur de la santé à travers le budget de l’Etat sont limitées…tous comme ceux des autres domaines qui meublent la vie publique. “Le secteur de la santé, n’est pas le seul financé par le gouvernement. Il ya plusieurs secteurs. Il est vrai que l’accord d’Abuja stipule 15%, au même moment, l’accord de Maputo exigent que 10% soit accordé à l’agriculture. Il ya d’autres secteurs …ce qui est c’est que l’Etat est limité dans ses ressources pour effectivement financer tous les secteurs.Mais l’Etat fait des efforts…” a-t-il précisé. Aussi, a-t-il fait remarquer que le gouvernement, tout comme l’accord d’Abuja ou de Maputo, a également plusieurs engagements à satisfaire, ce qui explique le semblant de ralentissement observé au niveau de la mise en oeuvre des engagements pris. Toutefois, à l’instar des nombreuses innovations du gouvernement (school Assur, Wezou, …) le secteur de la santé reste une priorité pour les autorités, comme il est mentionné dans le Plan National de Développement Sanitaire 2017-
2022.

Les donateurs extérieurs, pour leur part ne financent le secteur de la santé qu’à proportion de 10% des dépenses courantes en santé au Togo, selon Global Health Expenditure Databas.

Au vue de tout ce qui précède, la constante qui attire l’attention des organisations de la société civile, défenseurs des droits de l’homme, c’est les 5% autour desquels tourne le financement de la santé, au lieu des 15% recommandés par l’Accord d’Abuja… La sollicitation de l’UONGTO, exprimée de la voix de son Directeur Exécutif Aristide Djenda lors du Dialogue parlementaire, est de voir le pourcentage évoluer, quoique progressivement vers la normalisation…tel se résume le plaidoyer de l’UONGTO pour le soulagement des ménages au Togo.

Pour rappel, le Togo a ratifié de nombreux engagements sous régionaux, régionaux et internationaux en faveur de la santé, entre autres la déclaration d’Abuja (15%) ; la Déclaration de Bangkok (CSU) ; la Déclaration de Tunis ; la Déclaration d’Alger 2008 sur le renforcement de la recherche en santé en Afrique. En plus du Compact national à travers lequel, il est attendu une augmentation du budget d’un point chaque année sur la période de mise en œuvre du PNDS au niveau national.

YERIMA Amidatou

L'OEIL D'AFRIQUE

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