Difficile accès de la femme à la terre: Traitée de sorcière, Afi est privée injustement de la jouissance de son héritage foncier

 Difficile accès de la femme à la terre: Traitée de sorcière, Afi est privée injustement de la jouissance de son héritage foncier

L’Oeil d’Afrique, le 04 octobre 2021
+228 90214293 / 92178279

A l’issue de plusieurs jugements sans gain de cause, seule face à son destin, huée et rejetée par sa communauté, Dame que nous nommons Afi, pour préserver son anonymat, s’est résignée à fuir les pressions sociales insupportables, et  s’installer loin de ses origines, de peur pour sa vie. Et pour seul motif, les familles ne veulent pas partager un héritage foncier avec une femme. Les raisons évoquées : la peur que la femme ne cède à son tour sa part d’héritage à sa famille maritale. De ce fait, tous les moyens sont bons pour l’en empêcher. Ainsi qualifiée de sorcière, elle perd tous droits à l’héritage foncier. 

Image illustrative

Les réalités

Femme sorcière, c’est la trouvaille autour de laquelle se greffe ce refus de concéder à la femme, son droit à l’héritage foncier. Cette autre considération révèle des non-dits, également la cause des inégalités dans le partage de l’héritage foncier en Afrique de l’ouest. 


Cette catégorie de femmes dites sorcières subit aussi des brimades dans l’accès à l’héritage foncier parce qu’elles ne sont pas acceptées dans les communautés.
 

Conflits genre

Une fois reconnues comme telles, malgré l’absence de preuves rationnelles,  ces femmes sont victimes de rejet communautaire causant ainsi la perte de tous leurs droits y compris celui de l’héritage foncier. Contraintes à l’exil et excommuniées, elles n’ont pas non plus le courage de faire recours à la justice…de peur d’être renvoyées à la tradition…
Ces pratiques ne datent pas d’aujourd’hui, elles sont reccurentes partout en Afrique de l’ouest. 

Et comment en est-on arrivé là ?

L’exclusion des femmes à l’héritage foncier est toujours d’actualité. De tout temps, le prétexte évoqué est que la femme serait moins capable de sauvegarder l’héritage foncier. De ce fait, les familles ou les cohéritiers craignent de ce que les parcelles cédées à la femme ne retombent dans des mains indignes, pour ainsi dire, la certitude que l’héritage ne change de main est minime, alors que suivant les règles de la coutume, le lègue reste quasi intuitu personae. 

Les insuffisances des textes

Même si le droit moderne concède à un propriétaire de disposer pleinement de son bien, ce n’est pas le cas en droit coutumier. En effet, l’exclusion des femmes à l’héritage foncier a été motivée par des prétextes arguant que la parcelle octroyée à la femme souffre d’incertitude de conservation à long terme suivant le truchement d’adoption du nom de mari par l’épouse.
Bien que les  récentes évolutions du cadre  juridique, en terme du droit au  foncier dans la  zone ouest africaine, sont en faveur de l’inclusion genre, mais il existe toujours des poches de résistance dans la pratique qui usent des subterfuges pour parvenir à leurs fins.

Les faits ci-dessus relatés sont des vécus observés à Pagouda, dans la préfecture de la Binah, au Togo.

Rachel

L'OEIL D'AFRIQUE

Articles Connexes