Afrique de l’Ouest : Quelle vision d’ensemble pour un développement durable en matière de commerce, de transactions de marchandises et de circulation des personnes ?

 Afrique de l’Ouest : Quelle vision d’ensemble pour un développement durable en matière de commerce, de transactions de marchandises et de circulation des personnes ?

L’Œil d’Afrique, le 18 Octobre 2025
📞 ‪+228 90214293‬ / 92178279

La corrélation entre connectivité et compétitivité commerciales des pays d’Afrique de l’Ouest est bien réelle et se manifeste à plusieurs niveaux : maritime, transport terrestre, énergie, et autres secteurs stratégiques. En effet, les pays de la région, regroupés au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), forment un vaste espace géographique caractérisé par une interdépendance croissante des populations.

Ce texte est le fruit d’une observation minutieuse des grands enjeux économiques, que traverse l’Afrique de l’Ouest dans son organisation structurelle, produit à travers des observations empiriques des vécus… de l’auteur AYEGNON T. Kossi, Journaliste d’investigation, Expert Média

Cette interdépendance se traduit par des échanges de marchandises, de compétences, ainsi que par des flux migratoires motivés par la recherche de bien-être, d’opportunités économiques ou encore de sécurité sociale. Ces dynamiques ont une incidence directe sur la puissance et la stabilité des États.

Dans cette optique, une vision intégrée et durable du développement régional s’impose, reposant sur :

👉 Une meilleure harmonisation des politiques commerciales et douanières,

👉 Le renforcement des infrastructures régionales de transport et d’énergie,

👉 La facilitation de la libre circulation des personnes et des biens,

👉 Et la promotion des chaînes de valeur régionales compétitives.

Une telle approche permettrait à l’Afrique de l’Ouest de tirer pleinement partie de son potentiel économique, tout en assurant une croissance inclusive et durable pour ses populations. Bien qu’étant des États souverains, faire bloc autour d’enjeux complexes peut devenir un levier de développement collectif.
Face aux défis communs, une approche solidaire permet non seulement de renforcer les capacités nationales, mais aussi de créer une dynamique régionale bénéfique à tous. C’est dans cette logique que des institutions communautaires ont été mises en place pour soutenir les efforts d’intégration et de coopération.

Des projets concrets témoignent de cette volonté d’unité et de mutualisation des ressources :

👉 Le chemin de fer Abidjan–Bobo-Dioulasso,

👉 La ligne Cotonou–Malanville,

👉 Ou encore la fourniture d’électricité via le barrage d’Akosombo au Ghana, qui profite à plusieurs pays de la sous-région.

Ces initiatives illustrent bien le potentiel de la coopération régionale en Afrique de l’Ouest. Elles montrent que, malgré les différences et la souveraineté des États, il est possible de construire ensemble des solutions durables et efficaces pour répondre aux besoins des populations et stimuler l’économie régionale.
Cependant, les actions collectives n’excluent pas l’émergence d’une certaine forme de concurrence entre les États, qu’elle soit convergente ou divergente, selon les cycles de progression ou les intérêts stratégiques du moment.

À titre d’exemple, le Togo s’est illustré par sa position conciliante face aux tensions régionales. Le pays a été l’un des rares à plaider en faveur de l’assouplissement des sanctions imposées aux États du Sahel, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans un contexte tendu, le Togo a ouvert son port aux trois pays enclavés de l’AES, leur offrant un accès vital aux marchandises et produits de première nécessité, à un moment où ils étaient confrontés à un isolement croissant.

Cette initiative togolaise, bien que critiquée, loin d’être anodine, a sans doute permis d’éviter des crises humanitaires majeures au Sahel. Le pays parvient à hisser son économie, dans un contexte de fortes tensions politiques et diplomatiques autrement perçu au sein de la communauté. Elle illustre aussi l’importance du pragmatisme et de la solidarité, même dans un climat de divergence au sein de la communauté régionale. Par ailleurs, on observe que face à la pénurie de carburant actuelle au Mali, les transporteurs de cette région ont dû se redéployer vers la Côte d’Ivoire pour s’approvisionner, notamment depuis la levée des sanctions de la CEDEAO. Cet exemple illustre bien la manière dont les flux économiques et commerciaux dans la sous-région sont étroitement liés à des considérations multiples : la qualité des infrastructures routières, la disponibilité et la fiabilité de la connexion internet, ou encore la sécurité sur les axes de transport.

Ainsi, certains pays d’Afrique de l’Ouest apparaissent comme plus attractifs que d’autres, sur plusieurs raisons :
👉 de leur stabilité, de leurs infrastructures fonctionnelles, ou de leur capacité à offrir un environnement propice aux échanges. Cette attractivité, bien que parfois discrète ou peu médiatisée, repose sur des éléments de fond essentiels qui influencent fortement les choix logistiques et stratégiques des acteurs économiques.

Par ailleurs, la disparité des zones monétaires en Afrique de l’Ouest constitue un facteur déterminant dans les flux commerciaux et les décisions d’investissement. Les différences de valeur entre les monnaies locales influencent les comportements économiques et orientent les choix stratégiques des opérateurs économiques.

À titre d’exemple, une somme de 35 000 francs CFA en zone UEMOA n’a pas la même portée lorsqu’elle est convertie en naira nigérian. Cette conversion équivaut à environ 100 000 nairas, une somme qui, dans le contexte local, peut permettre un pouvoir d’achat significatif. De même, au Ghana, la perception du cedis, monnaie nationale, varie fortement selon les taux de change et l’évolution de l’inflation. Ce qui impacte directement la compétitivité des produits locaux et importés, mais aussi ouvre la voie à la recherche de devis à travers des échanges de produits commerciaux en pays voisins.

Ces écarts monétaires créent des dynamiques de trafics, d’arbitrages économiques et de flux transfrontaliers parfois informels, mais très structurants. Ils influencent aussi les choix d’installation d’entreprises, les mouvements de capitaux et même les stratégies d’approvisionnement, en fonction des avantages comparatifs qu’offre chaque environnement monétaire.

De plus, la disponibilité énergétique, qu’il s’agisse du pétrole, de l’électricité, ou encore de l’internet haut débit, constitue un facteur clé de compétitivité pour les économies de la sous-région. Par exemple, au Ghana, l’accès relativement stable à l’énergie et la qualité de la connectivité numérique facilite les affaires, en réduisant les coûts d’exploitation et en améliorant la fluidité des échanges commerciaux.

Il faut déplorer que la conscience existentielle, pourtant codifiée à travers la mise en place d’organes de régulation, souffre d’un volontarisme inégal selon les régions. Dans certaines zones, notamment au Sahel, cette fragilité se manifeste de manière persistante, favorisant le développement de réseaux économiques qui échappent au contrôle de l’État en raison de l’instabilité chronique. Ailleurs, les crises endogènes provoquent des déplacements massifs de populations, vidant certaines régions au profit d’États voisins. Ces derniers, souvent plus stables et mieux organisés dans la gestion des principes communautaires, subissent à leur tour la pression migratoire saisonnière de personnes qui viennent et repartent sans que leurs mouvements ne soient réellement pris en compte dans les statistiques officielles, notamment celles des institutions de Bretton Woods.

Pour que les décisions économiques tiennent davantage compte de cette réalité, l’identification biométrique récemment introduite constitue une avancée notable. Elle permet, selon les niveaux d’accréditation, de connaître plus précisément le nombre réel de personnes vivant sur les territoires des pays de la sous-région et de mieux planifier les politiques publiques qui en découlent.

AYEGNON T. Kossi, Expert Média +228 90214293

L'OEIL D'AFRIQUE

Articles Connexes

Laisser un commentaire